George Goethe : précurseur de la photographie au Cameroun

Expo en l'honneur de George Goethe

Un art, un précurseur, une vie passionnante bien remplie. George Goethe est celui-là grâce à qui, la photographie au Cameroun s’est inscrite en lettre d’or.

Né le 16 aout 1896 à Freetown en Sierra Leone, son nom « Goethe » découle du fait que son père aimait l’auteur allemand Goethe. Son père, Claude Esubyi, aussi de Sierra Leone a étudié la théologie, l’histoire et la géographie à Oxford et enseignait dans les grandes villes de côte de l'Afrique de l'Ouest. Claude Esubyi mourait en 1949 à Douala.

En 1923 provenant du Gabon où il avait travaillé pendant neuf ans pour une maison de commerce anglaise de John Holt, comme Chef de Service Marchandises, grâce à cet expériences et à sa maîtrise de l’anglais et du français, George Goethe fini par déposer ses valises à Douala. Il venait assurer la fonction de Directeur dans une firme. Mais c’était un poste qui était toujours réservé aux expatries blancs. Vexé par la promesse non tenu, il quitte cette entreprise deux ans plus tard. Pendant cette première période à Douala, il avait commencé à faire des photos. Il prenait des images de la ville, les marchés, le port, les paysages et les gens. Une passion qui va finalement se transformer en profession. En 1931, il créé un des premiers studios photo de la ville de Douala : « Photo George ». Il amène les appareils de l’Europe et apprend le métier aux photographes locaux. George Goethe prend des images emblématiques de la ville de Douala qui seront reproduites sur des supports divers.

Les activités de Goethe ne se limitaient pas à l’introduction de la photographie à Douala. Sa passion pour le football le menait en 1924 à la création de la première équipe de foot au Cameroun, le Club Athlétique du Cameroun, et plus tard, en 1925, d’autres équipes à Akwa, Bali, Deido, etc., toutes à Douala.

Marié à une Camerounaise de la zone anglophone, ils eurent 5 enfants. En 1954 il envoie son fils aîné de dix-neuf ans, Cyrille Doualla Goethe, en France pour apprendre la photographie à l’école Nationale de la Cinématographie et de la Photographie. Après trois ans de formation et un an de spécialisation en reportage, Cyrille continue avec un Brevet de Technicien Supérieur (BTS) en communication, option photographie et reportage. Ce diplôme fait de lui le premier journaliste reporter d’images au Cameroun francophone reconnue à l’extérieur. Ensuite pendant un an il fait un stage à la maison Harcourt dans le 16ème arrondissement de Paris.

Le 7 janvier 1976, Georges Goethe meurt à Douala (Cameroun), et Cyrille prend la relève du studio Photo George, continuant à photographier des individus et groupes de Douala, et d’autres contrées du Cameroun. Cyrille désormais seul, formera des photographes aujourd’hui renommés au Cameroun comme Nicholas Eyidi, Samba, Jacques Ella, Loko Petit, Juste Zannou, Roger Nganji, entre autres.

Les expositions photographiques de Georges Goethe dans des galeries sont présentées au public pour exprimer la quintessence de la dimension de son œuvre artistique. Surtout celles des années 1930 et 1940 ont été reproduites sur plusieurs supports et, par son flaire en tant qu'homme d’affaires, il réussi à faire imprimer ces photos de l’époque en « cartes postales ».

Cette exposition met en avant une sélection des œuvres du studio photo George, présentée pour la 1ère fois au public camerounais. Conçue et réalisée par African Photography Initiatives (APhI), qui est une organisation à but non lucratif, créée par Rozario Mazuela et Jurg Schneider en 2007, qui s’engage pour la protection et la valorisation des archives photographiques en Afrique.

Les clichés de Goethe sont reproduits par Edition SAULOT de Douala. Aussi la Société des Missions Evangéliques édite à travers de BRAUN & Cie, Imp. Mulhouse-Dornach (France) ses photos, surtout les prises de vue de son voyage à Bamum. Les éditions de Luxe « ESTEL » Lavelle & Cie. Feront la présentation de quelques images de Goethe colorés, et quelques une de ses photos seront bientôt exposées à la galerie doual’art de Bonanjo à Douala.

@debonsk